Témoignage de l'AZ Turnhout

A l'AZ Turnhout, l'outil Born in Belgium Professionals (BIB) est utilisé depuis six mois pour dépister les vulnérabilités psychosociales pendant la grossesse et proposer des parcours de soins dynamiques. Rétrospective avec le Dr Magali Verheecke, gynécologue à l'AZ Turnhout, ambassadrice de Born in Belgium Professionals.

Pourquoi avez-vous opté pour Born in Belgium Professionals ?

Dr Magali Verheecke : « Dans notre région, il y a un problème de pauvreté infantile que notre hôpital souhaite aborder à la source, en collaboration avec la ville de Turnhout. Nous avons évalué plusieurs options pour soutenir les familles pendant la période prénatale et avons retenu le projet de l’INAMI « Born in Belgium Professionals ». Avant de commencer l’implémentation de cet outil, nous voulions que les partenaires de première ligne soutiennent suffisamment le projet. Ces premières étapes ont été franchies il y a environ six mois, et depuis nous avons commencé à utiliser l'outil BIB. »

Comment se passe la collaboration avec la première ligne ?

« Hier, lors de la réunion avec certains de nos partenaires des soins de première ligne, nous avons abordé la manière de renforcer notre coopération et d'identifier les principaux problèmes qui se posent actuellement. Nous constatons qu'une aide psychologique plus importante est nécessaire rapidement, de préférence à proximité des patients et à un tarif acceptable pour eux. »

Quelles sont les vulnérabilités mises en évidence ?

« Avant de commencer à travailler avec l'outil Born in Belgium Professionals, nous savions qu'il y avait des problèmes de logement dans la région, mais nous ne pouvions pas évaluer correctement leur ampleur parce que les femmes préféraient parfois cacher leur situation. De même, en ce qui concerne le bien-être psychologique, nous avions souvent l'impression que la patiente ne se sentait pas bien mentalement. Grâce à cet outil, nous recevrons désormais un rapport annuel comprenant des statistiques (pseudonymisées), ce qui nous donnera un aperçu des vulnérabilités les plus fréquentes pendant la grossesse dans notre région. » 

Qui effectue le dépistage de la vulnérabilité psychosociale ?

« Lorsque le test de grossesse est positif, la patiente s'adresse d'abord à son médecin généraliste pour un test de confirmation. Ensuite, la femme est convoquée à une première échographie chez nous. Lors de cette consultation, deux options lui sont proposées pour le suivi de la grossesse. Soit un suivi alterné (consultations à l'hôpital en alternance avec le médecin de famille et la sage-femme externe), soit toutes les consultations à l'hôpital. Nous conseillons toutefois de toujours inclure le médecin généraliste et la sage-femme externe car la femme aura également besoin de ces prestataires de soins de santé après l'accouchement. Lors de la première consultation avec le médecin généraliste et ou avec nous, le dépistage est déjà brièvement expliqué, par la remise de la brochure Born in Belgium Professionals (BiB).

Le dépistage se fait lors d'une première consultation individuelle avec notre sage-femme. Le fait de mentionner le dépistage plus d'une fois donne déjà à la patiente l'occasion de dire si elle est intéressée par l'ouverture d'un dossier BIB. Le formulaire officiel de consentement éclairé est signé lors de la consultation avec la sage-femme. Lors d'une première grossesse, de nombreuses femmes sont intéressées par le dépistage. Il y a aussi des femmes qui se souviennent, plus tard au cours de la grossesse, que lors de la première échographie l’outil d'aide au logement et aux questions psychosociales a été mentionné. Si elles n’y ont pas adhéré lors de la première échographie, il arrive que, plus tard, elles demandent l’ouverture d’un dossier BIB. Petit à petit, le bouche-à-oreille se fait aussi plus présent pour faire connaître ce projet. »

Y a-t-il parfois des résistances au dépistage ?

« A partir du moment où la femme a donné son accord pour commencer un dossier BIB, la sage-femme réalise systématiquement un dépistage complet lors de la consultation prénatale. Nous ne constatons pas vraiment de résistance au dépistage. Nous remarquons cependant une différence lors d’un dépistage avec des femmes qui ne parlent pas la langue et/ou qui viennent à la consultation avec leur partenaire. Il arrive parfois que l'homme lui-même réponde aux questions relationnelles en expliquant que tout va bien. Heureusement, l'outil est désormais disponible dans plus de 10 langues, ce qui permet de présenter les questions à la femme dans sa propre langue. De cette façon, elle peut sélectionner la réponse la plus appropriée dans une liste d'options de réponses. Quand c’est fait, le soignant bascule l'outil dans sa langue maternelle pour bien comprendre les réponses de la femme enceinte. Dans notre région, il y a beaucoup de femmes provenant de Roumanie, d'Afghanistan, de Somalie et de plusieurs pays arabes. »

Quels sont les prestataires de soins qui ont accès à l'outil dans l'hôpital ?

« Au sein de notre hôpital, ce sont les sages-femmes qui effectuent le dépistage. D'autres prestataires de soins, tels que les travailleurs sociaux et nous-mêmes, en tant que gynécologues, accédons à l'outil pour ajouter ou modifier des notes au dossier. Par exemple, nous pouvons indiquer que la femme consultera dorénavant un autre psychologue. Les partenaires externes ont déjà été informés sur l'outil Born in Belgium Professionals. Tout le monde n'y a pas encore accès pour l'instant, mais le processus d’accès est bien en cours. A l’avenir, nous aimerions disposer d’une fonctionnalité permettant d’identifier quand un partenaire externe a fait des ajouts au dossier, afin que nous puissions continuer à travailler dessus à l'hôpital ». Note de Born in Belgium : cette fonctionnalité est en cours de développement.

L'outil a-t-il conduit à davantage de consultations multidisciplinaires ?

« Une fois que les sages-femmes ont effectué le dépistage, les femmes enceintes peuvent être redirigées en interne, par exemple vers les services sociaux. Une fois que l'assistante sociale a confirmé la relation thérapeutique avec la femme enceinte, elle a également accès à son dossier BIB. C'est également le cas pour les gynécologues et les pédiatres. L'assistante sociale peut apporter une aide spécifique à certaines orientations ou indiquer des notes complémentaires dans le dossier. Nous avons récemment mis en place des consultations trimestrielles entre les gynécologues, les pédiatres et l'assistante sociale. Les dossiers présentant le plus de vulnérabilités y sont également discutés, ce qui est utile car la situation est alors mise en lumière sous différents angles. L'aide proposée correspond alors parfaitement aux besoins individuels de la femme. »

Les sages-femmes sont-elles déjà habituées au dépistage psychosocial ?

« Oui, après six mois, c'est bien le cas. Au début, il a fallu s'habituer, mais maintenant tout se passe bien. Elles n'ont plus peur de poser les questions et le font systématiquement. Nous constatons encore des différences minimes entre les sages-femmes en ce qui concerne les notes ou le degré d'approfondissement de certains problèmes. Pour l'instant, nous pouvons affirmer qu'elles maîtrisent déjà très bien l'outil. »

Quels sont les projets futurs ?

« Avant tout, nous voulons continuer à sensibiliser aux vulnérabilités psychosociales pendant la grossesse et fournir à toutes les futures mamans les parcours de soins dont elles ont besoin.

En outre, nous constatons que la présence d'un "gestionnaire de cas" constituerait une valeur ajoutée. Outre un outil, nous percevons qu’il est important pour le soignant de prendre la femme enceinte par la main et de veiller à ce que les bonnes mesures soient prises à temps. En collaboration avec, entre autres, Kind & Gezin et Huizen van het Kind (deux instances spécialistes de la parentalité en Flandre), nous avons soumis un dossier auprès du ministre flamand de l’emploi Hilde Crevits, dans lequel nous demandons une subvention pour un gestionnaire de cas qui peut apporter un soutien supplémentaire aux familles. Nous espérons recevoir bientôt de bonnes nouvelles à ce sujet.

 

Nous souhaitons également nous focaliser davantage sur l'interaction entre l'hôpital et les partenaires externes (Kind & Gezin, sages-femmes externes, médecins généralistes, CPAS, Huizen van het Kind,...). Notre objectif est que le plus grand nombre possible de partenaires externes aient accès à l'outil BIB et l'utilisent activement, afin que nous ayons un retour d'information sur leurs actions lorsque nous ouvrons l'outil à l'hôpital.

Avec les partenaires de première ligne, nous voulons également travailler à l'amélioration des soins de santé mentale afin de pouvoir proposer des parcours de soins (thématiques) dans la région au sens large.

Nous souhaitons également nous focaliser davantage sur l'interaction entre l'hôpital et les partenaires externes (Kind & Gezin, sages-femmes externes, médecins généralistes, CPAS, Huizen van het Kind,...). Notre objectif est que le plus grand nombre possible de partenaires externes aient accès à l'outil BIB et l'utilisent activement, afin que nous ayons un retour d'information sur leurs actions lorsque nous ouvrons l'outil à l'hôpital.